Une forêts ensoleillée en contre plongée de jour
Une forêt Bourguignonne Photo : Ludovic Godard Droits d'auteur : CC Ludovic Godard - UFC
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Quel est l’impact du changement climatique sur la forêt en Bourgogne Franche Comté ?

Publié le 19 novembre 2024

Pourquoi la situation des forêts en Bourgogne Franche Comté impose une gestion raisonnée de la forêt et de son exploitation ?

L’absorption du carbone par la forêt en question

Une étude récente publiée par des scientifiques et relayée par le journal Le Monde fait état d’un effondrement en 2023 des puits de carbone terrestres mondiaux. Les forêts et les sols ont seulement absorbé entre 1,5 milliard et 2,6 milliards de tonnes de CO2 en 2023, loin derrière les 9,5 milliards de 2022, notamment en raison de sécheresses et incendies. La situation est également inquiétante à l’échelle de la France. La forêt française a absorbé, en 2021, 31,2 millions de tonnes de CO2, soit environ 7,5 % des émissions nationales. Mais c’est deux fois moins que dix ans plus tôt, 57,7 Millions de tonnes, alors que la France doit réviser sa stratégie visant à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. 

La situation est également alarmante pour les forêts de Bourgogne Franche-Comté.

La Bourgogne Franche-Comté fait partie des régions les plus boisées de France

Avec une surface de 1,73 million d’hectares, la forêt régionale représente 11% de la forêt française. Elle couvre 37% de la superficie régionale, soit un taux de boisement plus élevé que la moyenne française (30%). 40% des surfaces forestières sont publiques (données FIBOIS Bourgogne Franche-Comté). 

Par leurs fonctions écologiques et environnementales majeures, les forêts de Bourgogne Franche-Comté constituent un patrimoine de nature et un régulateur du climat qu’il faut absolument protéger. Outre leur rôle important dans l’hébergement de la biodiversité, les forêts jouent un rôle de protection, notamment dans la conservation d’écosystèmes, la préservation des ressources d’eau et la réduction des impacts des accidents climatiques (par absorption de CO2, préservation de l’eau et des sols, régulation des inondations, réduction des pics de chaleur et des pollutions aux microparticules,…). 

Les forêts sont aussi une ressource précieuse et locale pour l’homme qui a la responsabilité de leur renouvellement. Selon la filière FIBOIS BFC 2021 (ORECA 2022), sur les 386 millions de m3 estimés de bois sur pied, 7,7 millions de m3 sont prélevés annuellement : 43% pour le bois d’œuvre, 41% pour le bois énergie et 15% pour le bois industrie. La Bourgogne Franche-Comté est la première région française pour la production de bois d’œuvre de chêne, la deuxième pour la production de bois d’œuvre de hêtre et de douglas et la troisième pour la production de bois d’œuvre de sapin et épicéa.

Comment le changement climatique combiné à des problèmes sanitaires cause des dégâts inédits et graves sur les forêts de Bourgogne Franche-Comté

Dans l’ensemble du territoire on rapporte des dépérissements de peuplements forestiers, des parasites et insectes ravageurs, une extension des feux de forêt, notamment sous l’effet des sécheresses récurrentes. 

L’épidémie de scolytes (insectes altérant le bois, favorisés par les vagues de chaleur et sécheresse) aurait affecté 8 millions de m3 d’épicéa commun pour l’ensemble de la Bourgogne Franche-Comté entre 2018 et 2022. Depuis 2019, d’intenses dépérissements de hêtres adultes affectent la région Bourgogne Franche-Comté après les épisodes de forte sécheresse. D’autres espèces d’arbres sont aussi touchées. Ainsi l’Association départementale des communes forestières de Saône-et-Loire indique en février 2023 « Après la graphiose de l’orme, nous sommes confrontés à la chalarose du frêne. Ces problèmes cumulés sont d’une telle ampleur que fin juillet 2019, une cellule nationale «Sécheresse et dépérissements» a été mise en place à l’Office National des Forêts (ONF), les régions Grand Est et Bourgogne Franche-Comté faisant l’objet d’une vigilance accrue. 

Ce constat alarmant concerne l’ensemble de la forêt de l’Est de la France. En 2020, en région Grand Est, l’ONF estime à 3,3 millions de m3 le volume de bois déclassés (bois qui ont perdu de leur valeur, attaqués par un insecte ou pour une autre raison de dépérissement) dont 1,8 million de m3 d’épicéas. . La France compte environ 15 000 communes forestières dont près de la moitié se trouve dans l’Est de la France. En 2020, selon le Ministère de l’Agriculture, les recettes forestières des communes de l’Est de la France ont baissé : 4 275 communes ont connu une baisse d’au moins 10 %, 3 653 d’au moins 25 % et 2 688 d’au moins 50 %. 

Quelles sont les conséquences environnementales de ces pertes forestières sont graves

On estime que le puits d’absorption de CO2 par la forêt de Bourgogne Franche-Comté a été réduit de moitié entre 2015 et 2020 par effet de prélèvements, mortalité et stress (données CITEPA relayées par l’observatoire ORECA). Cette estimation rejoint les observations de Laurent Tillon (ONF) « À Rambouillet, dans les Yvelines, l’accroissement annuel des arbres est passé, en 20 ans, de «4 m³ par hectare et par an» à «à peine 2 m³». «Les arbres poussent deux fois moins qu’il y a 20 ans». Selon les prévisions de l’ONF, on se dirige également vers «la fin» des arbres «pouvant atteindre 40 à 45 mètres» ».

Malgré cette rétraction avérée de la croissance annuelle de la ressource bois, les prélèvements augmentent sous l’effet de la demande et les prix de marché. L’Observatoire ORECA BFC 2022 présente un niveau de prélèvement global de 7,7 Mm3 sur la forêt de Bourgogne Franche-Comté en 2021 alors qu’il était de 7,3 Mm3 en 2019. Selon l’observatoire du bois énergie en Bourgogne Franche-Comté (données 2020) la récolte de bois- énergie réalisée et commercialisée par des professionnels de la filière forêt bois a augmenté de 16% entre 2018 et 2020. La conjonction de la crise énergétique que nous connaissons avec de forts prix du bois de chauffage, ainsi que l’endettement de nombreuses communes, génère le risque d’une surexploitation de la forêt induite par cet appel pour des usages de biomasse. Les demandes de bois d’œuvre pour des exportations (notamment de chênes pour la Chine) font aussi exploser les prix avec des risques de surexploitation et de raréfaction de la ressource pour un usage local. 

Des bilans carbone sincères et globaux s’imposent en matière d’exploitation de la ressource forestière : son caractère renouvelable n’est pas sans conditions sur les modes de gestion et d’usages. Au-delà de la prise en compte de l’effet des dégâts et prélèvements sur l’efficacité du puits de carbone, il est nécessaire d’actualiser les réels paramètres de croissance. Est-il utile de rappeler la lente croissance des arbres et les difficultés de reprise des jeunes plantations dans le contexte des sécheresses actuelles et à venir ? Afin de calibrer le prélèvement, est-il pertinent de garder comme valeur de croissance annuelle pour la forêt de BFC le chiffre ancien de de 7 m3/ha/an ? (source ONF ) alors que tous les indicateurs laissent à penser qu’il est considérablement diminué. Pour les usages de bois-énergie, il convient d’intégrer la nature carbonée de cette ressource, sa vitesse de renouvellement et de captation de CO2, relativement aux émissions globales induites par l’usage énergétique (combustion, transport,…).

Comment peut-on réduire l’impact de nos activités sur la forêt ?

FNE21 recommande une gestion plus durable de la forêt de Bourgogne Franche-Comté qui passe par une baisse des volumes des prélèvements, afin de les ajuster à la vraie croissance annuelle et durée de vie des arbres. La filière bois-énergie doit privilégier l’usage des déchets de production locale et ne doit pas utiliser les bois valorisables par la filière bois d’oeuvre. Pour préserver le caractère «RENOUVELABLE» de cette ressource, de grands changements dans les modes d’exploitation des forêts doivent être opérés, privilégiant notamment des peuplements incluant une diversité d’espèces, évitant les monocultures et les coupes rases. Comme le recommande l’Observatoire des Forêts Françaises, les nouveaux peuplements forestiers doivent privilégier des espèces ou écotypes que l’on pense plus adaptées en fonction des projections climatiques.

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